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GUSTAVE ROUSSY
1er centre de lutte contre le cancer en Europe, 4 000 professionnels mobilisés

22/09/2025

Les questions à poser si l’on m’annonce un cancer de l’ovaire

Le cancer de l’ovaire touche environ 5 200 femmes chaque année en France. À l’occasion de Septembre Turquoise, la Dr Patricia Pautier, cheffe du service d'oncologie gynécologique de Gustave Roussy, répond aux questions qui peuvent apparaître à l’annonce du diagnostic.

Les questions à poser si...

Quelle est l’étendue de ma tumeur ?

Patricia Pautier Le cancer de l’ovaire se développe initialement dans l’ovaire mais surtout sur la trompe, et peut rapidement s’étendre au péritoine et à d’autres organes abdominaux par contiguïté. Dans 75 % des cas, il est à un stade avancé au moment du diagnostic, en raison bien souvent de l’absence de symptômes évocateurs à un stade précoce. Il est important de connaître la localisation exacte et l’extension de la maladie pour décider du choix et de l’ordre des traitements.

Quelles options thérapeutiques s’offrent à moi ?

La chirurgie constitue le traitement principal du cancer de l’ovaire. Parfois lourde, elle doit impérativement être réalisée dans un centre expert, avec des chirurgiens expérimentés en oncologie gynécologique et une équipe de réanimation post-opératoire entraînée, comme c’est le cas à Gustave Roussy. L’objectif est d’obtenir une résection complète de toutes les lésions visibles. Cette chirurgie est suivie d’une chimiothérapie à base de platine.

Lorsque la tumeur est trop étendue pour permettre une résection complète en première intention, plusieurs cycles de chimiothérapie sont administrés en amont. Cette stratégie permet de réduire la masse tumorale afin de tenter de rendre la chirurgie complète possible. Après l’intervention, la chimiothérapie est reprise.

Enfin, selon le profil biologique de la tumeur, un traitement de maintenance peut être proposé pendant un à deux ans. Celui-ci repose sur des inhibiteurs de PARP (qui ciblent la réparation de l’ADN des cellules tumorales endommagées par la chimiothérapie) et/ou sur du bevacizumab (qui cible la formation des vaisseaux autour des tumeurs). Ces traitements visent à prolonger la durée de la rémission et à retarder une éventuelle rechute.

Mon cancer de l’ovaire a-t-il des particularités biologiques spécifiques ?

Tous les cancers de l’ovaire ne sont pas identiques. La majorité d’entre eux sont des tumeurs épithéliales, mais il existe aussi des formes plus rares, germinales ou stromales, qui touchent plutôt les femmes jeunes et dont les traitements diffèrent. L’analyse moléculaire permet par ailleurs de rechercher des anomalies spécifiques, en particulier les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2, ou un défaut de réparation de l’ADN appelé HRD. Ces anomalies influencent directement la sensibilité de la tumeur à certains traitements innovants.

Mes proches sont-ils plus à risque de développer un cancer de l’ovaire ?

Dans environ un cas sur cinq, le cancer de l’ovaire est associé à une prédisposition génétique. Connaître le profil génomique de la tumeur est essentiel pour orienter les traitements, mais aussi pour l’entourage. Si une mutation constitutionnelle, présente dans toutes les cellules de l’organisme, est détectée, à l’image des mutations BRCA1 et BRCA2, les apparentés au premier degré (mère, sœurs, filles, frères, fils, père) peuvent être porteurs de cette mutation. Ils présentent alors un risque plus élevé de développer certains cancers, notamment mammaires, gynécologiques ou de la prostate. Disposer de cette information permet de proposer une consultation d’oncogénétique à la famille pour déterminer le risque de chacun d’être porteur de la mutation et de mettre en place un suivi préventif adapté (mesures de surveillance ou de prévention).

Comment ce cancer et son traitement vont-ils affecter ma fertilité et ma sexualité ?

Lorsqu’elle est réalisée avant la ménopause, l’ablation des ovaires entraîne une ménopause chirurgicale, avec bouffées de chaleur, sécheresse vaginale et modifications hormonales pouvant influencer la libido et la sexualité. Poser cette question à votre oncologue permet de préparer la prise en charge symptomatique, incluant éventuellement une hormonothérapie substitutive et un accompagnement psychosexuel. Chez les femmes jeunes atteintes de tumeurs germinales ou stromales, il est parfois possible de préserver l’utérus ou l’ovaire et de recourir à la congélation d’ovocytes. Dans les cancers épithéliaux, qui touchent surtout les femmes ménopausées, la question de la fertilité se pose moins.

Suis-je éligible pour intégrer un essai clinique ?

Un essai clinique peut être proposé lorsque les caractéristiques de la tumeur correspondent à un protocole en cours. Dans le cancer de l’ovaire, la recherche progresse. Des anticorps conjugués, qui associent la précision d’un anticorps à l’efficacité d’une chimiothérapie, montrent des résultats prometteurs, et un premier traitement a déjà obtenu une autorisation de mise sur le marché. Des techniques comme la chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale (CHIP) permettent de délivrer le traitement directement dans l’abdomen, là où la maladie est la plus active. Enfin, l’immunothérapie, jusque-là peu efficace dans l’ovaire, pourrait profiter à certaines patientes dont la tumeur présente une instabilité microsatellitaire (statut MSI).

► Pour en savoir plus : la prise en charge des cancers de l'ovaire