Immunologie
Comprendre comment les cancers pédiatriques échappent au système immunitaire afin de développer des immunothérapies efficaces chez l'enfant
Les traitements par immunothérapie enchaînent succès après succès chez l’adulte depuis plusieurs années.
Mais les cancers de l'enfant sont très différents de ceux de l'adulte. Les tumeurs pédiatriques sont dès lors peu infiltrées par les lymphocytes T, peu inflammatoires et ont peu de mutations : le système immunitaire a donc du mal à réagir et à combattre la maladie. Le système immunitaire de l’enfant est par ailleurs immature, notamment chez les très jeunes, tandis que le pic de cancers est observé durant la première année de vie.
La recherche en immunothérapie est l'un des enjeux prioritaires des médecins-chercheurs de Gustave Roussy.
Grâce à la générosité des donateurs et des mécènes de l’Institut, de nombreux progrès ont été rendus possibles ces trois dernières années.
- Les CAR-T Cells : l’efficacité de cellules baptisées « CAR-T » a notamment été démontrée dans le traitement des leucémies, avec plus de 90 % de réponses complètes. Ces lymphocytes T génétiquement modifiés en laboratoire avant d’être perfusés aux patients savent reconnaître puis éliminer les cellules cancéreuses.
Une étude internationale dirigée par le Pr Minard-Colin est actuellement en cours avec ces CAR-T dans certains lymphomes pédiatriques, une première dans cette maladie.
D’autres molécules d’immunothérapie se sont révélées capables de lever les freins du système immunitaire des enfants dans certains cancers. Elles ont permis d’observer des rémissions complètes des lymphomes résistants à la chimiothérapie et pourraient bientôt se placer en première ligne de traitement dans ces maladies comme dans certains gliomes malins cérébraux - Un laboratoire dédié à l’immunologie des tumeurs pédiatriques : Gustave Roussy a créé un laboratoire de recherche dédié à l’immunologie des tumeurs pédiatriques. Ce laboratoire abritera les travaux d’une équipe internationale financée pour 5 ans grâce aux dons et dirigée par le Dr Florent Ginhoux, chercheur de très grande renommée et spécialiste de l’immunologie. Les équipes travaillent d’arrache-pied à un programme d’envergure : comprendre l’origine des tumeurs pédiatriques, concevoir un atlas immunologique des tumeurs de l’enfant, identifier de nouvelles cibles immunitaires et développer des immunothérapies efficaces et innovantes.
- Recherches sur les tumeurs néo-natales : des recherches récentes ont montré que les tumeurs néonatales disparaissent spontanément dans certains cas, suggérant un rôle du système immunitaire qui pourrait être exploité comme arme thérapeutique. Il s’agit donc de comparer ces tumeurs à celles des enfants plus grands, souvent plus agressives. L’idée est d’identifier chacune des cellules immunitaires qui infiltrent les tumeurs du nouveau-né grâce à une technique unique. L’analyse single cell, c’est-à-dire à l’échelle d’une seule cellule, permet de procéder à un séquençage détaillé de l’ADN, de l’ARN et des protéines, et d’identifier les acteurs immunitaires impliqués dans les cancers pédiatriques. Avec ce procédé, il devient possible d’estimer la variabilité entre le sang, le tissu sain normal et les différentes tumeurs. Décortiquer la composition des tumeurs pédiatriques, comprendre et retracer les lignées cellulaires au cours du développement du cancer, tels sont les ambitions de ce programme pour créer des immunothérapies ciblées contre les cellules immunitaires défaillantes. Une vingtaine de tumeurs ont ainsi pu être intégralement séquencées et analysées, démontrant la faisabilité et le succès de prélèvements de micromètres de tissu tumoral chez un très jeune enfant.
"Contrairement aux cancers de l'adulte sensibles à l'immunothérapie, les cancers pédiatriques ont peu de lymphocytes T, et ne répondent donc pas ou peu aux immunothérapies actuelles. Nous devons nous adapter et évaluer de nouvelles stratégies spécifiques d'immunothérapies pour les enfants."
Pr Véronique MINARD-COLIN, Responsable du programme Immunothérapie de Gustave Roussy