01/30/2018

La prise en charge des cancers gynécologiques à Gustave Roussy

La prise en charge des cancers gynécologiques fait appel à des approches multiples et des techniques de pointe. Gustave Roussy, expert de ces tumeurs, met en oeuvre tous les outils thérapeutiques disponibles et fait progresser les traitements.

L'Institut est l'un des quelques centres franciliens à prendre en charge les patientes sur tous les plans, y compris en chirurgie et en curiethérapie. "Du fait de notre expertise, nous recevons aussi beaucoup de femmes plus jeunes que la moyenne des autres centres, et beaucoup de demandes de second avis médical. Les réseaux de radiothérapie nous adressent également des patientes afin qu’elles bénéficient ici d’une curiethérapie", souligne le Dr Patricia Pautier, responsable du comité Gynécologie de Gustave Roussy. Une des spécificités des cancers gynécologiques est qu’ils recouvrent une grande variété de localisations : corps de l’utérus, col de l’utérus, ovaire, trompes… et de nombreux types tumoraux différents, dont certains rares. L’Institut est d’ailleurs membre de l’Observatoire des tumeurs malignes rares gynécologiques et, en tant que centre expert, accueille toutes les semaines des réunions de concertation pluridisciplinaires, réunissant oncologues médicaux, anatomopathologistes, radiologues, radiothérapeutes et chirurgiens, pour examiner ces cas atypiques, établir un diagnostic précis et proposer aux patientes le meilleur plan de traitement.

Chirugie robot assistée

Dans bien des cas, les cancers gynécologiques nécessitent des interventions chirurgicales complexes. Pour certains cancers de l’ovaire chez des femmes jeunes, il s'agit autant que possible de retirer toute la maladie sans altérer la fertilité. S’ajoute ainsi une dimension psychologique délicate. "Nous discutons avec les patientes, parfois avec leurs parents qui les accompagnent pour les plus jeunes, des possibilités de cryopréserver un ovaire ou de réaliser une stimulation hormonale pour prélever des ovocytes avant l’intervention", explique le Dr Sébastien Gouy, chirurgien à Gustave Roussy et praticien familier du robot chirurgical Da Vinci. Ce robot "permet de repousser les limites de la coelioscopie classique notamment dans les situations de grande obésité pour lesquelles une chirurgie classique pourrait être trop risquée. Pour de petites tumeurs du col utérin, il permet aussi une dissection plus fine. Enfin, pour des interventions très longues, le Da Vinci permet au chirurgien de travailler dans des conditions plus confortables", détaille le médecin. Gustave Roussy forme par ailleurs de jeunes médecins à son utilisation grâce à un simulateur.

L’Institut opère aussi de manière "classique" de nombreux cancers complexes. Les cancers de l’ovaire, par exemple, sont souvent détectés à un stade avancé où le tissu tumoral a atteint d'autres organes voisins. L'intervention chirurgicale est alors personnalisée en fonction des zones concernées chez chaque patiente. Les cancers gynécologiques bénéficient aussi des progrès en radiothérapie, où la stéréotaxie permet de s’attaquer à des récidives ou à des tumeurs initiales dans certains cas. Côté médicaments, les inhibiteurs de PARP (une enzyme de réparation de l’ADN), qui ont fait leurs preuves contre certains cancers de l’ovaire, sont désormais à l’essai dans d’autres indications. "Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec le service d’oncogénétique, puisque le cancer de l’ovaire est associé, dans un cas sur cinq environ, à une prédisposition génétique, ajoute le Dr Pautier.
Les femmes à risque d’un tel cancer peuvent se voir proposer une chirurgie préventive."

En chiffres

  • La gynécologie représente 7% des patients de Gustave Roussy
  • La file active est de 3 300 patientes
  • L'Institut reçoit environ 780 nouvelles patientes par an
  • Plus de 80 essais cliniques ont été menés sur les cancers gynécologiques depuis 2014, sur le plan chirurgical, médicamenteux ou en radiothérapie.
  • Une centaine de patientes sont incluses chaque année dans un ou plusieurs essais cliniques.

La recherche sur les cancers gynécologiques

Dr Alexandra Leary"La création de notre laboratoire il y a quatre ans a permis de développer les recherches sur les cancers de l’ovaire selon deux axes : découvrir de nouveaux biomarqueurs des défauts de réparation de l’ADN pour mieux comprendre quelles patientes peuvent bénéficier des inhibiteurs de PARP, et caractériser l’impact de la chimiothérapie néoadjuvante sur le profil immunologique des cancers de l’ovaire. Nous espérons que ces études permettront dans le futur de sélectionner les patientes pour une ou plusieurs immunothérapies adaptées à leur tumeur. Le but étant de proposer ces thérapies innovantes plus précocement, en traitement initial pour éviter les rechutes. Enfin, nous venons de mettre en place un essai clinique testant différentes combinaisons d’immunothérapies en néoadjuvant chez des patientes avec un nouveau diagnostic de cancer de l’ovaire. L’essai est proposé à Gustave Roussy et dans neuf autres centres."

Dr Alexandra Leary, responsable du laboratoire de recherche translationnelle sur les cancers gynécologiques