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Gustave Roussy
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GUSTAVE ROUSSY
1er centre de lutte contre le cancer en Europe, 4 000 professionnels mobilisés

19/09/2025

Les dernières avancées dans le traitement des cancers ORL

Du 15 au 20 septembre, la campagne « Make-Sense, Prendre le cancer à la gorge » se déploie sur différents canaux pour sensibiliser aux cancers ORL, qui touchent chaque année 15 000 nouveaux patients en France. À cette occasion, la Dr Ingrid Breuskin, chirurgienne et cheffe du comité ORL de Gustave Roussy, et la Dr Caroline Even, oncologue médicale, font le point sur les dernières avancées dans la prise en charge de ces pathologies. Gustave Roussy est un expert reconnu dans la prise en charge de ces cancers, comme en témoignent différents classements. 

 

La recherche en cancérologie ORL connaît une accélération importante. Entre nouvelles approches d’immunothérapie, robotique chirurgicale, protonthérapie et vaccins thérapeutiques, de nombreuses innovations ouvrent des perspectives concrètes pour les patients.

Immunothérapie : une révolution autour de la chirurgie

L’immunothérapie, qui active les défenses immunitaires pour mieux détruire les cellules tumorales, a montré une efficacité importante dans les cancers ORL, en particulier lorsqu’elle est utilisée en complément de la chirurgie. Deux vastes études internationales, auxquelles Gustave Roussy a contribué, ont récemment confirmé ses bénéfices et défini de nouveaux standards de prise en charge à l’échelle mondiale :

  • NIVOPOSTOP : coordonnée en France par le Dr Yungan Tao, cette étude prouve que donner une immunothérapie (nivolumab) après la chirurgie, en plus des traitements classiques, réduit le risque de rechute chez les patients atteints d’un carcinome épidermoïde ORL à haut risque.
  • KEYNOTE-689 : publiée dans le New England Journal of Medicine, cette étude montre que l’ajout d’une immunothérapie (pembrolizumab) avant et après la chirurgie améliore nettement la survie sans rechute dans les cancers ORL localement avancés. Une approche qui a déjà été validée par la FDA américaine.

 

Chirurgie : robotique, précision et reconstruction

Gustave Roussy est le premier centre en France concernant la chirurgie oncologique ORL et la reconstruction, d'après les données du classement Visuchir de l’Assurance maladie et du Point. 150 à 200 chirurgies complexes de la tête et du cou sont réalisées chaque année à l’Institut, avec un haut niveau d’expertise reconnu au niveau national et international.

  • Robotique : grâce au robot chirurgical Da Vinci SP, désormais utilisé à Gustave Roussy, les médecins peuvent retirer certaines tumeurs situées en profondeur dans la gorge (oropharynx, larynx) en passant directement par la bouche. Cette approche, moins invasive que la chirurgie classique, offre déjà des résultats encourageants pour préserver la voix et la déglutition.
  • Reconstruction et réhabilitation dentaire : grâce à des outils numériques de planification et de fabrication sur mesure (guides chirurgicaux, prothèses, implants), les équipes visent dorénavant à restaurer la dentition immédiatement après la chirurgie.
  • Au bloc opératoire, l’injection de colorants fluorescents permet aux chirurgiens de mieux voir la circulation sanguine dans les tissus. Cela améliore la précision des gestes et sécurise les reconstructions, par exemple lors de greffes de lambeaux libres.

 

Radiothérapie : l’essor de la protonthérapie et des technologies du futur

  • Contrairement à la radiothérapie classique qui utilise des rayons X (photons), la protonthérapie permet de concentrer la dose sur la tumeur avec une chute brutale de son activité au-delà de la zone ciblée. Cela épargne mieux les tissus sains voisins (cerveau, glandes salivaires, moelle épinière). Couramment utilisée aux États-Unis, cette technique devrait progressivement trouver sa place dans certains cancers ORL complexes (sinus, nasopharynx, base du crâne) et dans les cancers de l’oropharynx liés au papillomavirus si son accès est facilité.
  • Un autre axe de recherche expérimental est la radiothérapie FLASH, qui délivre des doses très élevées de rayons en un temps très court. Gustave Roussy a été le premier hôpital en France à s’équiper de l’appareil FLASHKNiFE et prévoit, dès 2026, d’évaluer le FLASHDEEP pour traiter les tumeurs profondes. Des essais cliniques confirmeront ou non l’intérêt de cette approche pour certaines tumeurs ORL.

 

Suivi et diagnostic : vers la médecine de précision

  • InstaDiag ORL : ce nouveau parcours de diagnostic rapide ouvrira prochainement à Gustave Roussy. Il permettra de condenser sur quelques jours l’ensemble des examens nécessaires à la pose d’un diagnostic (consultation spécialisée, imagerie, biopsie) et une pré-orientation thérapeutique. Une façon de réduire le délai d’attente et de limiter l’errance médicale destinée aux patients à qui une anomalie ORL a déjà été détectée en ville.
  • ADN circulant : certains tests sanguins peuvent repérer l’ADN circulant du papillomavirus (HPV) en cause dans certaines tumeurs ORL, ce qui permettrait de détecter une éventuelle rechute en amont, avant l’apparition des symptômes. Un essai clinique est en cours à Gustave Roussy pour confirmer l’efficacité de ce suivi personnalisé.

 

Vaccins thérapeutiques et anticorps bispécifiques

Deux pistes très prometteuses sont actuellement en développement clinique :

  • Vaccins personnalisés : en s’appuyant sur les marqueurs spécifiques de chaque tumeur, des vaccins expérimentaux (Transgene, BioNTech, ISA Pharma) cherchent à « réentraîner » le système immunitaire du patient. Ils suscitent de l’espoir mais nécessitent encore des essais de grande ampleur.
  • Anticorps bispécifiques : ils ciblent deux protéines à la fois, comme l’EGFR et d’autres marqueurs tumoraux, et semblent renforcer l’efficacité de l’immunothérapie. L’un d’eux (petosemtamab) a obtenu un statut accéléré de la FDA, et un essai de phase III vient de démarrer, avec une participation active de Gustave Roussy.